Faire un bonsaï à partir d'un semis
Informations pour ceux qui ont reçus leur enveloppe lors de BCXPO 2023
Vous êtes l'heureux bénéficiaire de graines d'Erable du Japon offertes lors du BCXPO III ? Votre aventure commence ici !
Les informations détaillées ci-dessous sont à adapter à votre climat naturellement, mais peuvent vous servir de ligne de conduite :
Matériel à prévoir :
- sachet (contenant les graines) ;
- les graines (sans blague aucune) ;
- un réfrigérateur (ou un hiver bien rude) ;
- un pot (de préférence en céramique non émaillé d'environ 10 cm de diamètre) ;
- de l'akadama fine ou kanuma fine
Durée de pratique :
A chaque étape, moins de 10 min vous seront nécessaires.
Etape 1
Veuillez stocker vos graines dans un endroit sec, dans le noir si possible, en maintenant le sachet fermé.
En effet, l'apport d'humidité, et de lumière suite à une période de froid sont les ingrédients de la germination, et en ce moment il est encore trop tôt! Patience donc.
La période de semi idéale est le printemps, après les dernières gelées (les Saints de Glaces vers le 12 mai).
Nos graines ont besoin d'une stratification d'environ 2 à 4 mois, prévoyons donc pour un semi vers le 12 mai une mise en stratification vers le 12 janvier. En attendant, au placard!
Etape 2
Nous sommes le 11 janvier 2024, et nous devons mettre en stratification froide demain!
Il est bon de mettre à tremper nos graines 24h dans l'eau.
Dans un récipiant rempli d'eau à température ambiante, versez vos graines et mélangez un peu pour bien les immerger.
Gardez bien votre sachet, il va vous servir demain!
Etape 3
Nous sommes le 12 janvier 2024 : il est temps de mettre en stratification froide nos graines
Plusieurs méthodes s'ouvrent à vous, et dans tous les cas une petite place dans votre réfrigérateur vous sera nécessaire.
Le principe : dans un contenant perméable, maintenir les graines à une température de 3 à 5°c et à forte humidité constante.
Pour ce faire, vous pouvez utiliser le sachet contenant vos graines! Ajoutez de la sphaigne (non grindée) ou du sable de rivière, ou encore du papier essuie-tout bien humidifié.
Et hop, au frigo! On est parti pour 4 mois de surveillance!
Contrôlez la bonne humidité, si de la moisissure apparaît, c'est qu'il y a un manque d'aération, laissez un peu plus d'air circuler alors.
Si des graines commencent à germer avant la date prévue, il va falloir semer et protéger.
Etape 4
Pour les graines aventurières et en avance, semez sans attendre, et protégez du gel (serre, mini serre ou cloche) en extérieur.
Pour les graines rigoureuses de l'heure, nous sommes forcément le 12 mai 2024, semez, qu'elles aient germé ou non.
Pour semer, il vous faut :
- un pot (par exemple un pot de culture n°3,5) d'environ 10 cm de diametre ;
- de l'akadama pure, ou kanuma pure ;
- de l'eau ;
- les graines.
Ensuite suivez les étapes suivantes :
- Installez votre grille de drainage.
- faites une fine couche de drainage (même substrat mais d'une granulométrie plus grosse)
- versez sans remplir votre substrat en granulométrie fine (2-3 mm)
- arrosez délicatement pour extraire les poussières et tasser une première fois
- répartissez vos graines équitablement sur le substrat
- recouvrez vos graines d'une couche épaisse d'autant que la graine (pour une graine épaisse de 2 mm, elle sera recouverte de 2 mm de substrat).
- Et pour ceux voulant s'essayer au mame, vous pouvez recouvrir d'un vieux colant ou d'une toile de moustiquière.
Etape 5
Il ne reste plus qu'à s'assurer que le substrat reste bien humide jusqu'à la levée, ensuite vous pourrez cultiver vos nouveaux arbres comme d'habitude.
Pour plus de méthodes et de conseils, l'article "Créer un arbre à partir du semi" est là pour vous aidez, nous vous recommandons sa lecture.
Etape 6
Amusez-vous bien, et Faites du Bonsaï !
Voyons ici comment créer, de toute pièce, un bonsaï. C’est la méthode la plus libre en matière de créativité, une des moins coûteuses mais aussi la plus longue en fonction du projet et de l’espèce. De prime abord, cette méthode d’obtention semble la plus simple, et pourtant nous verrons qu’il existe plétor de techniques de transformation. Nous utiliserons un cas pratique, comme un fil rouge, donnant l’exemple d’un cas concret à suivre avec l’aide d’un Erable du Japon (Acer Palmatum - Momiji en japonais) que vous pouvez vous amuser à reproduire et expérimenter.
1. Les espèces et leurs taux de réussite
Toutes les espèces de végétaux, d’origine naturelle, donnent une graine. Qu'elle soit sous la forme d’une graine nue, pépin, noyau ou fruit sec, la graine est le résultat d’un accouplement entre deux plantes de la même espèce. Principalement produite par la pollinisation, la reproduction des végétaux est propre également à chaque espèce. Vient alors le mode de semis. Certains arbres ont préféré attirer les animaux pour semer leurs graines, et pour ce faire, ils créent des fruits, qui, une fois consommés, seront déféqués avec la graine, le plus souvent intacte, plus loin de l’arbre mère et ainsi avec une grande quantité de nutriments pour la pousse. Et si le fruit n’est pas mangé ? Il tombera, pourrira, et aura encore plus de nutriments à donner. D’autres ont opté pour une option plus impressionnante, donner des ailes à leurs graines. Comme les érables, les pins, ou encore les charmes, les graines ailées sont plus vouées à prendre leur “envole” par la force du vent et de la gravité. Atterrissant avec plus de souplesse, la graine a en revanche moins de chance de “survivre” à ses consommateurs, elles sont donc produites en plus grande quantité.
2. Stratification et temps de stratification
Comme vu, la stratification consiste en l’imitation de l’Hiver. Cette opération n’est pas nécessaire à toutes les espèces, renseignez vous au moment de l’achat des graines, ou sur un site spécialisé dans le cas où vous récoltez vous-même vos graines.
Dans le cas où elle est nécessaire, l’effet du froid humide prolongé active la graine qui réagira au contact de la chaleur en s’ouvrant pour faire sortir son germe. Toutes les graines n’ont pas le même besoin en temps de stratification. Une graine de Zelkova du Japon (Zelkova Serrata - Keyaki en japonais) a besoin de 2 à 3 mois, alors que la plupart des graines de rosiers demandent 2 mois de stratification chaude, et 9 mois de stratification froide! Il est donc primordial de s’organiser un minimum avant l’achat ou la récolte.
Comment réaliser cette fameuse stratification demanderiez-vous donc? La réponse est simple, comme vous voulez! Le principe est simple pour les deux stratifications, froide ou chaude : exposer la graine à une humidité constante et à bonne température. Plusieurs méthodes ayant déjà fait leurs preuves sont à noter cependant.
Pour une stratification chaude, comme froide, le stockage est exactement le même, seul le lieu d’exposition change : au réfrigérateur, ou à l’air libre dans la maison. Pour ce qui est du contenant, un sac de congélation, une boîte plastique alimentaire, ou autre qui puisse s’ouvrir et fermer facilement, quant au substrat : papier absorbant, sphaigne, sable de rivière, tout ce qui peut contenir les graines (et les retrouver facilement) tout en étant capable de conserver de l’eau. Au moment de la fermeture, faire le vide d’air de votre sachet, et dans le cas d’une boîte, ne pas hésiter à la laisser entrouverte. Surveillez fréquemment que le substrat ou contenant est toujours humide, et surveiller la sortie de germes.
3. Semis et conditions de culture
La première information à retenir est : tenez-vous prêts ! Préparez vos pots, substrats, supports en avance, car il n’est pas rare que vos graines se mettent à germer dans le réfrigérateur ! Alors, plutôt que de risquer de les perdre, il faudra semer !
Dans notre cas nous ne parleront pas du geste ancestral marquant la sédentarité de l’Homme, mais plutôt de la mise en place d’un petit nid douillet où tout doit être mis en place pour favoriser la croissance d’un futur arbre.
Et ici aussi, tout est dans la préférence. Pot en plastique ou en terre cuite? Bac de Semi ou pot individuel ? Substrat bonsaï ou terreau de semis? Le taux de réussite est subjectif à votre mise en place. Ce qui fait sortir et croître le germe, est le taux d’humidité et la température. Un pot en plastique noir peut être tout indiqué, mais en cas de nuit fraîche, trop fraîche, c’est la fonte assurée. Un pot en terre cuite a une plus grande inertie, poreux, il isole mieux, mais en cas de vent il peut aussi sécher plus vite, et en cas d'oubli, c’est la mort assurée. Tout dépend de vos habitudes et disponibilité.
Une serre peut être la bienvenue, elle protège vos petits du vent, des oiseaux, ou des fortes pluies. Tous ces choix vous incombent et n’ont pas trop d’incidences pour les futures étapes.
4. Techniques spécifiques
A partir de maintenant, nous pouvons parler de techniques bonsaï! Vous avez des sujets qui ont pris. Félicitations, mais l’aventure commence ici, et maintenant! Vous devez, sans perdre un instant, décider de ce que vous allez faire de tel ou tel arbre! La question concerne surtout la taille des arbres envisagés : mame, shohin, chumono etc?
Pour les mame
La méthode du collant est intéressante pour ceux qui veulent préparer du style kengai (cascade), han-kengai (semi-cascade), moyogi etc. des arbres à motifs. Mais son inconvénient principal, est qu’elle nous prive du travail des racines dès les premiers temps. En revanche, si vous souhaitez marquer le motif vous même, ou créer des arbres par la taille, et sélection de bourgeons, ou encore créer des arbres de style Chokkan (droit formel), Hokidachi (balais), Neagari (racines nues), des styles et des arbres nécessitant des racines et/ou un nebari bien développé, vous allez pouvoir passer par la méthode la plus efficace pour les mame et quelques shohin : la bouture de semis.
Vous allez sûrement vous demander “quesaquo?” Le principe est simple : annuler le réflexe d'ancrage du plant au profit d’une pousse de racine radiales traçantes. Pour ce faire, la bonne période est celle ou vous avez deux paires de feuilles qui ont poussées au-dessus des cotylédons, avec la tige inférieure toujours rougeâtre, et pour les pins, vos premières aiguilles, avec toujours cette tige rougeâtre. Vous allez vous munir d’une lame de rasoir, désinfectée, d’un navet, betterave, grosse carotte, d’un pot remplis de Kanuma fine et d’une hormone de bouturage (optionnellement du fil de ligature pour accrocher les boutures au substrat dans le cas où vous n’auriez pas de serre, et éviter qu’un coup de vent de les arrache). Vous allez procéder comme suit : sur une tranche de votre racine comestible préférée, fraîchement coupée, vous allez couper votre plant environ 1 cm sous les cotylédons et les mettre à tremper dans votre eau solutionnée (Oxybéron, HB 101, etc.) Cette méthode vaut pour créer un nébari sans empêcher l’arbre de s’élever en hauteur, donc pour des mame de plus de 7,5 cm de hauteur, voir des shohin.
Pour faire plus petit, on peut seulement supprimer le pivot, conserver les racines existantes, et couper juste au-dessus des cotylédons. Ceci aura pour effet de créer votre première insertion de branche, ou division de tronc (donc pour des arbres de 2 à 10 cm de hauteur. C’est à vous de choisir, d'expérimenter.
Cette méthode en générale va avoir pour effet d'entamer le processus de création du nebari, mais aussi conditionner l’arbre à créer dès le départ des entre-noeuds courts, pour avoir des branches charpentières les moins espacées possibles.
Dans le cas de notre Erable du Japon, nous pouvons procéder à cette opération si nous souhaitons créer un mame de haute qualité en une dizaine d’années.
Pour les shohin
Le choix se veut moins pressant, la suppression de la racine pivot reste cependant conseillée, sauf dans le cas de mise en place d’un collant. Comme dans le cas des mame, la préparation d’un nebari doit être faite dès le début.
Si vous optez pour un shohin avec votre Érable du Japon, libre choix vous est fait, c’est à vous de décider
Pour les tailles supérieures
Il vous est possible de laisser la racine pivot dans le cas d’une plantation en pleine terre, placer tout de même une rondelle en métal autour, elle se sectionnera d’elle-même lorsque l’arbre aura pris en volume. Cette racine pivot peut, ne l’oublions pas, être remise en pot pour en créer un éventuel nouvel arbre, la racine fera alors office de tronc!
Pour les désireux de faire des arbres assez développés, il va bientôt être l’heure de mettre votre arbre en pleine terre pour 2 à 5 ans, mais avant ça, une mise en forme s’impose!
Général
Une autre méthode consiste, après la coupe de la racine pivot, à placer une pierre plate pour créer le futur nebari, bien plat, ou un carré de faience.
Pour la création de futurs neagari, la méthode de bouturage de semis, ou d’ablation peut donner suite à la plantation dans un tube pvc, lui même planté dans le substrat, pour créer des racines longues et souples, qui ne demanderont pas mieux qu’à être pliées, fusionnées, etc (pour les pins et les gardénia cette méthode est très intéressante).
Nombre de méthodes vous proposent de créer dès les premiers mois votre futur arbre, tout est question de goût et de choix. Quoi qu’il en soit, cet automne, pensez à engraisser, nous vous invitons donc à aller faire un tour sur l’article dédié!
5. Repiquage, première mise en forme
Nous somme au printemps suivant, celà fait un an que vous avez fait vos boutures de semis, supprimé vos racines pivot, ou tout simplement semé sans retoucher à vos petits. Pour certains, il est temps de mettre les mains dedans!
Pour les mame
Dans la méthode du collant, un an peut être suffisant pour imprimer le mouvement. Vous choisissez alors, au gonflement des bourgeons, de séparer vos arbres, et les mettre en pots individuels. Vous pouvez dès à présent les cultiver et appliquer les techniques propres à la mise en forme des bonsaï. Sélections de racines, mise en pots de culture peu profond si vous souhaitez limiter la pousse et favoriser le gonflement et la ramification (n°2, voit n°3) ou un pot étroit mais profond pour décider le diamètre du futur nebari tout en favorisant une pousse dynamique mais contrôlée. Une sélection de bourgeons peut être intéressante également!
Autre méthode pour les jeunes mame, pour des entre-noeuds extrêmement courts dès le départ, le pincement des bourgeons, couplé au retrait des hakama! Il s’agit de la “coque” qui formait le bourgeon : le bon moment : une paire de feuille s’ouvre, et vous voyez les future paires de feuilles former une petite boule, retirez la délicatement, et à l’aide d’une pince à épiler, retirez les hakama. Ceci aura pour effet de stopper net l’élongation de la tige, garantissant des entre-noeuds extrêmement courts pour une future ramification dense et serrée.
Pour les arbres plus grands
La mise en pot peut se vouloir plus “classique”, et la mise en terre, elle, peut partir pour 2 à 5 ans avant un retour en pot. Vous allez déjà pouvoir mettre votre arbre en forme, par la taille ou la ligature, mais pensez bien que votre arbre va grandir et grossir ! ne faites pas des courbes trop serrées pour les futurs arbres de 1,00 m !!! Pensez à l'échelle. Mais par-dessus tout, amusez-vous !
Quoi qu’il en soit, vous avez pu semer, réussir un semis, et pratiquer vos première techniques de bonsaï en SEULEMENT UN AN! Et si vous échouez, recommencez! Vous aurez toujours besoin de jeunes plants dans votre pratique bonsaï.
Cet article vous a plu ? Ajoutez à un commentaire et partagez-le !
Contactez-nous si vous avez des questions ou des suggestions pour notre équipe
Merci pour votre message !
La plateforme FaitesDuBonsai a été développée pour aider les gens à apprendre la pratique du bonsaï et à développer leurs connaissances quelque soit leur niveau. Des instructeurs ont été soigneusement choisis pour vous dispenser des cours de qualité.