La fertilisation
La fertilisation, l’engraissage, l’application d’engrais, ou encore la culture…autant de termes pour signifier la même chose. C’est LE sujet le moins compris, le plus vaste, et le moins renseigné dans le domaine du bonsaï. Après tout, n’est-il pas censé être banalisé? Une routine, un réflexe pareil à un clignement de paupière. Non! L’utilisation des engrais, fertilisant, quel que soit le nom qu’on lui donne se doit d’être réfléchi, et nous allons découvrir ensemble pourquoi et surtout comment.
Premièrement, l’engrais c’est quoi? Non, ça ne sert pas à “forcer la pousse” ou “doper les plantes”. Ce sont des idées reçues. L’engrais, c’est le produit, organique ou chimique, contenant les nutriments et oligo-éléments nécessaires à la vie d’un être végétal. Beaucoup de mots pour dire plus simplement : un bon repas pour un arbre bien rassasié, car oui! les arbres et les plantes en général mangent! Et nul n’est besoin de préciser que notre protégé étant dans un pot, la tâche nous incombe de lui apporter tout le nécessaire qu’il aurait trouvé dans la nature, et qu’il ne peut, en aucun cas, trouver dans un pot ou un substrat drainant, quasiment stérile. Mais de quoi se nourrissent-il? Comment mangent-ils sans bouche? Quels sont les besoins et les moyens d’un arbre pour se nourrir?
1. Les besoins des végétaux - Rapport aux michorhizes
La pensée populaire sur le monde végétal veut qu’une plante ait besoin de lumière et d’eau pour vivre. C’est vrai, mais incomplet. Cette idée est valable dans le cas où le substrat de ladite plante est composé de matière organique, de type terreau, tourbe blonde de sphaigne, sable de rivière et d'humus (ou terre végétale). On parle alors de sol fertilisé. Oui! Vous l’avez compris, un substrat déjà engraissé et contenant tout le nécessaire pour la vie de votre plante “qui ne se nourrit que de lumière et d’eau”. Or, dans notre exemple, deux caractéristiques nous échappent fondamentalement : la plante va pousser très fort, car elle baigne littéralement dans la bouffe, et elle risque de se noyer si on l’arrose trop! son sol étant composé au premier degré de mousse décomposée. Nous avons donc une problématique de taille pour qu’un arbre reste petit dans ce cas. C’est là que la culture devient un art.
Pour pallier au problème de risque d’asphyxie, ou de spongiosité du sol, nos amis nippons ont opté pour des sols drainants, plus ou moins rétenteurs en eau, plus ou moins léger (voir module sur les substrats). Principalement, composés de roches ou sols volcaniques. Des sols qui doivent recevoir les éléments contenus dans une terre fertile. C’est alors que nous allons devoir nous même apporter, doser, choisir, les nutriments à apporter à nos arbres. C’est le rôle de l’engrais! Mais lesquels me demanderiez-vous?
En fait, c’est assez simple et commun à tous les arbres, seules les périodes ou les cas particuliers changent. Oubliez tous les conseils de couplage de deux engrais, ou trois, ou de recette miracle. Pensez simplement, et logiquement. Mais nous y reviendrons.
Premièrement, la bonne question à se poser : quels sont les besoins de mon arbre?
De la lumière, premièrement, et selon les espèces, avec une lumière solaire plus ou moins directe selon leur résistance à la brûlure due à la chaleur.
De l’eau, deuxièmement, oui mais pas seulement pour ce qu’elle est : hydrogène (H) et oxygène (O). Tout comme la lumière, si elle fait défaut, c’est la mort assurée, tout comme pour nous.De l’eau, mais aussi pour ce qu’elle transporte! L’engrais sur lequel elle aura ruisselé!
Le carbone (C ), est l’élément respiré par les plantes, qui, à l’inverse de nous, respire le carbone pour expirer de l’oxygène. D’où l’expression qui veut que l’Amazonie soit les poumons de la planète Terre.
2. Composition et effets
Voyons maintenant de quoi sont fait nos engrais :
- En premier, l’azote (N) : il permet la pousse et le développement de la plante.
- Ensuite, le phosphore (P) : il stimule le développement racinaire, la floraison et la fructification.
- Le potassium (K) : il permet l’assimilation des éléments nutritifs.
Ces trois premiers éléments vont devenir la base de notre volonté de culture, en effet, selon les besoins de notre arbre (au cas par cas bien entendu) nous allons devoir choisir si l’on doit faire pousser, enraciner ou renforcer le sujet, parfois même les trois en même temps. Ainsi, tous les engrais que vous trouverez sur le marché international, qu’il soit français, japonais, ou autre, chaque engrais sera tout d’abord défini par son rapport (ou équilibre) “N,P,K”. Par exemple, si vous cherchez à développer le racinaire d’un Kaede (Acer Buergerianum - Erable Trident) il vous est possible d’utiliser un engrais conçu pour les rosiers!!! Le nom inscrit sur l’emballage n’est qu’une indication marketing, pas un mode d’emploi stricto sensus. A vous de jouer avec les besoins de votre arbre.
Allons plus loin maintenant : vos arbres ont besoin d’encore beaucoup de choses, des nutriments, en plus petite quantité, mais tout aussi importants d’oligo-éléments. Ils sont si variés que l’on dit qu’aucun engrais ne saurait reproduire à l’exactitude la richesse d’un sol naturellement fertile et biologiquement naturel.
- Le magnésium (Mg) : primordial, même en faible quantité, pour une raison simple : c’est un des constituant de la chlorophylle! Sans lui, pas de feuilles, et donc pas de photosynthèse, autrement dit, la mort.
- Le calcium (Ca) : comme pour nous, il travail sur la structure de l’arbre, mais aussi sur la teneur en acidité du sol
- Le fer (Fe) : il contribue à éviter la chlorose et joue ainsi la balance avec le calcium
- Le soufre (S) : le soufre est un constituant important des acides aminés et des protéines, et il joue également un rôle important dans l’assimilation des vitamines par les végétaux. Il est aussi responsable de l’odeur et du goût de certaines plantes ou légumes (ail, oignon, chou).
Les autres : le cuivre, le bore, le zinc, le molybdène ou le manganèse sont également des éléments importants pour les équilibres métaboliques des végétaux. Ces éléments sont nécessaires en très petites quantités, et la plupart du temps, ils sont présents dans le sol ou dans l’eau de façon suffisante pour subvenir aux besoins des plantes.
Autant d’éléments, n’étant que pour citer ceux-la (ne les apprenez pas par cœur non plus), sont consommés, comme dit précédemment, par le système racinaire de l’arbre. Et comme, une nouvelle fois déjà dit, un arbre n’a pas de quoi tout assimiler par lui-même. Alors comment fait-il? Ce rôle est joué par des bactéries qui vont “macher” pour eux, et dans certains cas encore, des champignons, mais attention, de gentils champignons : on appelle de principe la symbiose mycorhizienne. Que ce soit des bactéries ou des mycorhizes qui détériorent les éléments pour les partager aux arbres, la qualité et la symbiose est équivalente. Et cette symbiose est à double sens, ce que l’un donne à l’autre, l’autre lui rend la pareille. Prenons pour exemple les Kuro Matsu (Pinus Thunbergii - Pin Noir du Japon) qui vit en symbiose avec une mycorhize tellement importante que sans elle, l’arbre est perdu! Il fera tout pour l’attirer, la provoquer, proposer un lieu favorable à son apparition, car s’il est seul, il ne pourra pas se débrouiller. L’arbre fera donc tout pour défendre son binôme et vice versa.
3. Les types d'engrais
Il existe deux types principaux d’engrais : l’engrais chimique et l’engrais organique.
Comme son nom l’indique, l’engrais chimique est un produit inorganique, de synthèse chimiquement à partir de minéraux naturels. Il présente nombre d'avantages et d'inconvénients à prendre en considération lorsque l’on doit choisir son utilisation plutôt qu’un engrais organique.
Dans les avantages, l’engrais chimique a la particularité d’avoir plusieurs types de diffusions (de rapide à lente), ce qui fait que l’on peut avoir à l’utiliser en cas de “besoins urgents”, comme pour un amendement classique, en diffusion lente. Son tarif est le plus souvent bon marché en comparaison des engrais organiques. Il est inodore, ce qui est un avantage pour les nez les plus sensibles, mais aussi pour la culture indoor. Il peut se présenter sous deux états : liquide et solide. Dans les deux cas le dosage sera de rigueur mais reste simple à respecter.
Les inconvénients, car il en faut bien, sont principalement liés aux risques de brûlures. En cas d’oublis de date d’application, ou de dosage non respecté, les radicelles des arbres peuvent se trouver endommagées par brûlure dûe à la forte concentration du produit. L’engrais chimique peut également décourager les plus soucieux de leur empreinte écologique, du fait de la synthétisation du produit, ainsi que sa provenance, ou le plaisir de manipuler un produit plus naturel ou odorant.
4. Utilisation
Premièrement, la courbe NPK.
Comme vu précédemment, notre premier choix se porte sur le rapport NPK des produits. Dois-je utiliser un engrais équilibré? Fort en azote? Ceci découle de notre besoin et de la période dans laquelle nous nous trouvons. Pour ce qui est de la date… peu de mystère, vous la connaissez. Nous y reviendrons donc plus tard.
L'équilibre parfait
Nous avons tous entendu parler des engrais 8-8-8, 10-10-10 ou encore 30-30-30. Ces engrais dits “équilibrés” forment la base des bases. Ils conviennent à tous les végétaux de par le faible risque de favoriser pousse, fructification, etc. Tout est alimenté. Il peut donc être utilisé en toute saison! Le plus souvent chimique, il est donc triplement facile d’utilisation. Recommandé donc pour les débutants et les pratiquants qui ne souhaitent pas chercher à avoir plusieurs types d’engrais.
La forte teneur en Phosphore (P)Les engrais de type 8-15-4, 4-6-2, ou encore 2-4-3 présentent une balance penchant pour un apport en Phosphore majoré. Celui-ci est plus destiné aux sujets produisant fleurs et fruits, qu’elle soit belle et abondante, mais aussi la croissance racinaire. La composition inverse sert surtout à compléter un manque en azote et/ou en potassium.
L’engrais dit “de printemps” a une courbe descendante, 10-8-6, 6-4-2, etc. C’est le plus fréquemment trouvé dans la grande distribution. Celui-ci, du fait de sa forte teneur en Azote (N) favorise la croissance et le développement. Surtout destiné aux persistants, il est utilisé principalement lors de la première période de croissance pour les sujets ayant besoin de pousser fort.
L’engrais dit “d’automne”, a, à l’inverse du dernier, une courbe ascendante : 6-8-10, 8-10-18 etc. Comme son surnom l’indique, il est principalement utilisé en automne, ce qui en fait un des plus importants. Il permet une fructification solide, mais enrichit et consolide aussi le racinaire, la santé de l’arbre et prépare celui-ci à l’hiver. Il convient donc de favoriser l’apport de réserves hivernales à nos arbres via ce type d’engrais.
Maintenant, de l’application. C’est assez simple : tout est inscrit sur le paquet. Le temps d’efficacité, et donc la fréquence de renouvellement, la dose, l’enfouissement ou non, etc. En général, un engrais organique se change toutes les 3 semaines, et le chimique 4 à 6 semaines. Cet aspect est le plus simple, et est pour autant le plus effrayant aux yeux de tous. Notre meilleur conseil est le suivant : Lisez bien l’étiquette d’emballage, prenez un calendrier, ou un agenda, et notez quand appliquer, renouveler ou retirer vos engrais, et tenez-y vous.
- Lombrico Primavera (NPK 6-6-6, organique liquide)
- Yamato (NPK 10-10-10, chimique solide)
- Frayssinet Orga 6 (NPK 6-3-3, organique solide)
- Lombrico Otoño (NPK 2-6-9, organique liquide)
- Tamahi (NPK 5-4-1, organique solide)
- Frayssinet Guanor (NPK 3-6-12)
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